Nombreux sont les Landais qui connaissent notre village en raison de l'alose, ce poisson qu'on pêche dans le Luy. Il y a quelques années tous les riverains du Luy retiraient un revenu appréciable de cette activité. Dès la fin de l'hiver et pendant tout le printemps on pêchait l'alose.
Ce poisson migrateur qui vit en mer remonte les rivières pour frayer en eau douce. L'alose est de la même famille que le hareng et la sardine, mais de taille plus importante. On distingue deux variétés : l'alose commune ("coulac"), qui est la plus estimée, et l'alose feinte ("astoun"), plus petite et moins fine. La chair de l'alose, bien qu'un peu lourde, est très délicate. Pêchés peu après leur ponte, ces poissons sont savoureux. On ne peut leur reprocher que leurs nombreuses arêtes...
A Saugnac, la pêche au "coulac" était pratiquée selon différentes méthodes, et avec divers engins.
Un des plus anciens, le carrelet ("tarrebus" ou " sarrebeigt" ?) servait à pêcher au "tioup", à "le parade" ou au "cornaclin". Les manches -"mandjot" ou " mandjolle"- permettaient de prendre les poissons qui descendaient à la recherche des frayères. Tous ces modes et engins de pêche nécessitaient la présence du pêcheur qui, sur une barque ("galup") ou sur un ponton ("lou pité"), se tenait sur le passage des poissons. En revanche les verveux ("bartaouts"), ces énormes nasses tendues au milieu de la rivière qu'il suffit de relever deux ou trois fois par jour, permettent de pêcher sans la présence continuelle de l'homme.
Jusqu'à un passé assez récent, cette pêche était pratiquée par les Saugnacais assez librement, en vertu d'ordonnances ou de privilèges. De nos jours on peut encore pêcher l'alose du 15 Février au 31 Août, en période de frai dans le Luy, grâce à une dérogation spéciale ; mais cette pêche est très règlementée : dimensions des engins et de leurs mailles, distance entre les filets... et relève hebdomadaire des engins, du samedi 18 H au lundi 19 H.
On peut regretter que, comme beaucoup d'autres choses et pour de multiples raisons qui seraient trop longues à développer, cette tradition se meure peu à peu...